IV- POLITIQUE DE PRODUIT

IV-1- stratégie de produit


IV-1-1- Objectifs et organisation générale du réseau

Dans les réseaux culturels et touristiques, les principaux objectifs sont généralement les suivants :

• accroître la fréquentation des touristes et des résidents ;

• susciter le renvoi des visiteurs d’un site à l’autre par des promotions réciproques ;

• susciter des retombées économiques et sociales sur un territoire et mettre en commun des moyens pour réaliser des économies d’échelles ;

• optimiser les retombées économiques directes et indirectes (dont les emplois) ;

• insérer le réseau dans la stratégie de développement du territoire, en termes de promotion et d’investissement ;

• structurer l’offre des sites par une harmonisation des conditions d’accueil, et engager des démarches qualité permettant de mieux répondre aux attentes et aux exigences de la clientèle du tourisme culturel.

Un réseau peut se constituer progressivement en regroupant dans un premier temps 5 à 6 sites motivés qui constitueront le " noyau de base " et qui seront représentatifs de l’ensemble potentiel.

La justification du réseau est à la fois interne et externe :

en interne : le réseau rompt l’isolement des sites ; il entraîne des rencontres régulières où sont traités des thèmes professionnels ou des échanges d’information sur la situation et les pratiques de chacun. Par ailleurs, la présence dans un réseau permet un positionnement des sites les uns par rapport aux autres.

en externe : des sites regroupés sont plus crédibles et ont plus de chance d’exister auprès des élus départementaux et régionaux mais aussi auprès des publics et des partenaires potentiels :

• public local/régional : le réseau personnalise et médiatise l’existant et renouvelle l’intérêt des résidents pour leur patrimoine ;

• acteurs privés et institutionnels du tourisme (réceptifs, hébergeurs, OT-SI, CDT, CRT) : il renforce l’attractivité du territoire ;

• acteurs privés nationaux et internationaux du tourisme, sur les marchés émetteurs (autocaristes, voyagistes, agences de voyage,...) : le réseau peut permettre à des sites de moins de 20 000 visiteurs d’exister auprès de ces marchés lointains.

Le réseau devra désormais articuler les différentes initiatives d'animation et de promotion autour du concept des "Jardins Enchanteurs" dont chacun doit se sentir "copropriétaire". Le succès du réseau va naître ainsi de la complémentarité entre l'intérêt de chaque site et les moyens de leur mise en valeur mutuelle.

Chaque pôle renverra sur les autres pôles explicitant rapidement l'ensemble du programme et les spécificités de chacun.

Les partenaires doivent être liés entre eux par une charte afin de fournir un accueil et des prestations irréprochables. La défaillance d'un maillon peut retentir sur l'ensemble de la chaîne.

L’intérêt du réseau Jardins de la Gâtine est qu’il décline une même thématique tout en rassemblant des lieux illustrant des époques et des patrimoines très variés, ce qui permet de multiples combinaisons.

Le concept préconisé va permettre la mise en place d'une stratégie de captation des visiteurs et d'irrigation du territoire à partir de 3 pôles phares (qui sont par ailleurs les trois sites à même d'attirer plus de 30 000 visiteurs par an) :

Il importe de souligner la forte originalité de ces trois sites, et leur unicité en France (et en Europe).

De plus, la localisation de ces trois jardins en font des "portes" naturelles du territoire du Pays de la Gâtine. Cela facilitera leur rôle de captage et de renvoi de la clientèle sur les sites intérieurs.

Le concept induit que

Il forme un produit culturel et touristique global, associé à ses satellites directs :

Au sein du concept, des sous-thèmes se dégagent naturellement, par exemple :


IV-1-2- Cinq recommandations pour qualifier le produit "jardin"

1• S'adjoindre les compétences d'un paysagiste-conseil

Mettre en œuvre une politique d'image et/ou de développement touristique à partir des jardins suppose une recherche d'excellence en matière d'esthétique de jardin.

En Gâtine, les jardins existants, comme les projets en cours, gagneront beaucoup à appliquer un schéma de valorisation dressé avec le concours d'un paysagiste de haut niveau.

C'est pourquoi nous préconisons qu'un paysagiste puisse intervenir en tant que conseil sur les sites du réseau, hormis La Guyonnière et Saint-Loup qui ne nécessitent pas d'approche supplémentaire (pour ces deux sites, cette recommandation est laissée néanmoins à l'entière appréciation des propriétaires et, en ce qui concerne Saint-Loup, de la DRAC).

L'intervention d'un paysagiste de renom peut s'avérer onéreuse. Aussi, il serait souhaitable de prendre attache auprès de la Région pour obtenir des financements appropriés dans le cadre de la politique mise en place en faveur des jardins.

Le Conseil Régional de Poitou-Charentes va lancer en octobre 2000 un marché de définition pour la création d'une Académie des Jardins. Selon M. Morisset, en charge du service Environnement, de grands paysagistes tels que Gilles Clément ou Bernard Lassus, que la Région connaît déjà, devraient postuler. Du projet d'Académie découlera en 2001 un dispositif pour une mission de conseil sur la qualification des paysages de la région. Dans ce cadre, le réseau des jardins de la Gâtine s'inscrira comme prioritaire.

En l'état actuel de la mise en œuvre du projet "Jardins" à l'échelle régionale, le Conseil Régional, s'il donne un accord de principe, ne peut se prononcer aujourd'hui sur la mission éventuelle de Gilles Clément, ou de tout autre paysagiste retenu, sur la Gâtine.


2• Former un pool de "conteurs de jardins"

De temps à autre, les musées font appel à des comédiens pour créer l'événement à l'occasion d'une exposition exceptionnelle. Les jardins furent également de tout temps des lieux d'accueil pour des représentations théâtrales ou des soirées poétiques.

Le parc des labyrinthes à Reignac-sur-Indre (premier site du groupe Labyrinthus) emploie avec succès des comédiens pour faire vivre les thèmes de l'animation-spectacle renouvelée chaque été (été 2000 : "le Petit Prince" d'après Saint-Exupéry).

L'idée proposée ici est différente. Il ne s'agit pas d'une action événementielle ou d'un spectacle donné sur toute une saison. Il s'agit de former des guides à diffuser aux visiteurs, d'une manière vivante et professionnelle, un discours original, à la fois poétique et suffisamment érudit (on constate encore sur trop de sites des commentaires pseudo scientifiques que les spécialistes n'hésitent pas à qualifier de "Botanic Circus"!).

Néanmoins le côté théâtral doit être privilégié et les guides narrateurs seront costumés : selon le thème traité, ils revêtiront des atours évocateurs d'une plante, d'un légume, ou d'un génie de la nature…!

Les guides, permanents ou vacataires, recevront une double formation :

Cette formation s'inscrit logiquement dans les actions menées par l'Atelier Paroles de Rue depuis 1996 : stages pour des comédiens professionnels sur la pratique vocale, sur l'écriture, stages de "comédiens narrateurs" et stages pour amateurs de formations au conte.

En prolongement de la création du Jardin du Nombril, l'Atelier Paroles de Rue propose spontanément de mettre en place des stages intitulés "comédiens de jardins", dispensant une formation originale au métier de guide, basée sur l'appel à l'imaginaire et sur l'importance de la mise en scène de la visite.

L'ensemble des stages utiliseront à l'avenir le Jardin du Nombril comme lieu d'expérimentation.

Les scénarios (textes et musiques) des balades contées des jardins de la Gâtine devront être validés par des instances compétentes (jardiniers, botanistes, historiens...).

Personnes ressources pour l'élaboration des contenus :

• Yannick Jaulin

• Claude Gudin : ancien jardinier, devenu docteur en physiologie végétale ; il s'improvise à la demande guide botaniste, conférencier-poète

• Michel Bournaud, auteur d'un ouvrage à paraître : Contes et légendes des jardins (éd. Hesse), et auteur de Contes et légendes de l'Oiseau paru dans la même collection.

• et, pourquoi pas ?, une personnalité comme Jean-Marie Pelt.

Le savoir des guides doit aussi inclure des connaissances pratiques sur l'environnement des sites : les différents points de restauration et les structures d'hébergement, les curiosités à visiter... , afin de pouvoir répondre, si besoin, aux demandes du public.

3 à 6 promenades contées sont envisageables à heure fixe, chaque jour sur chaque site en saison touristique, dont une ou deux seront assurées en anglais.

Afin de ne pas désavantager la clientèle étrangère, l'idéal serait de pouvoir animer ponctuellement les visites en anglais (dans ce sens, une bonne connaissance de l'anglais devrait être un critère important de sélection des stagiaires).

Au cas où cela s'avérerait difficilement réalisable, un substitut possible sera la diffusion aux visiteurs étrangers du livret de la balade contée traduit dans leur langue.

Le projet de "conteurs de jardin" est fondamental pour l'image, la structuration et l'animation du réseau des jardins de la Gâtine. Il faut donc le soutenir prioritairement car il constituera un support de visite propre aux jardins de la Gâtine.

Une étude de faisabilité s'avère nécessaire avant toute mise en œuvre pour évaluer le coût d'une telle formation, et surtout pour déterminer précisément les modalités d'intervention de l'équipe des "conteurs de jardins" et ses coûts de fonctionnement.

La formation des "conteurs de jardins" peut devenir un des volets de la formation des Guides du Territoire.

Cette formation, dont le maître d'ouvrage est le CDT qui en a confié la maîtrise d'œuvre à l'association Atemporelle, est une formation généraliste en même temps qu'une formation complémentaire pour des guides spécialisés dans l'un ou l'autre des domaines abordés (patrimoine, environnement…). Les guides du territoire auront pour rôle de valoriser le département, les événements existants et de mettre en réseau les différentes prestations afin de parvenir à une offre de commercialisation.

La premier cycle de formation doit débuter le 2 octobre 2000 et s'achever fin mars 2001 ; il va accueillir une vingtaine de personnes.

Sur le temps global de la formation (30 journées, soit 180 heures, réparties sur 7 mois) quelques heures seulement pourront être consacrées aux jardins et à l'art dramatique.

Cela permettra juste de sélectionner les stagiaires présentant une aptitude à l'art dramatique. Il leur sera alors proposé une formation complémentaire, spécifique, assurée par l'Atelier Paroles de Rue.


3• Accueillir des installations sonores

Les jardins de la Gâtine devraient se démarquer des programmations musicales traditionnelles en faisant intervenir régulièrement des plasticiens acousticiens. Les créations sonores, réalisées à partir de l'enregistrement de la nature, puis travaillées et diffusées grâce aux technologies les plus avancées, seraient propices à créer l'atmosphère recherchée pour les "jardins enchanteurs".

Il s'agit d'exalter la "quatrième nature" du jardin, définie par l'Anglais James Dixon Hunt, où formes, sons et poésie deviennent indissociables du lieu.

Pour information, deux artistes, "chasseurs de sons", sont particulièrement connus dans ce domaine :

- Erik Samakh

Artiste-plasticien, passionné par l'univers animal, il travaille essentiellement à partir de sons et mêle sa passion pour la nature et les nouvelles technologies, Pour lui, entre nature et technologie, l'espace est commun. Ainsi, propose-t-il des installations acoustiques ou des zones de silence.

"Frère des lutins et des farfadets", il crée des modules acoustiques autonomes (que l’on pourrait appeler "galipote" ou "fradet", sorte de petit robot équipé d’un capteur solaire, d’une banque de sons, d’un haut-parleur...).

Exemples de son travail:

Un tel artiste pourrait créer, au moyen de nouvelles technologies, les "lutins du 3ème Millénaire" qui hanteront (avec bonne humeur…) les Jardins de Gâtine !

Cela concorderait bien avec l’image des Deux-Sèvres qui développe un programme pédagogique et social autour de l’Internet et des outils Multimédia.

- Knud Viktor : créations sonores

Peintre de formation, Knud Viktor est devenu peintre sonore, "débusqueur d'inaudible".

Il sait capter les mélodies insolites du ver glouton, du lapin ronfleur, de la marche de l'escargot, du trottinement de la fourmi… Chaque signal perçu déclenche chez lui une aventure menée jusqu'au bout de l'exploration. A l'écoute de ses paysages sonores, on est envahi par des sensations qu'aucune photo, peinture ou film ne peut restituer.

Il a conçu, entre autres, les "bandes originales" des Mines d'argent de Melle, et de l'exposition : "Le Jardin Planétaire" (fin 1999 à La Villette).

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Pour information, un autre genre d'intervention possible :

Une association d’action culturelle et événementielle, intitulée " Y A QU’À ", localisée à Bruxelles, s’est donnée pour vocation de mettre en valeur des sites en réalisant une intervention surprenante et éphémère qui permet de voir autrement un lieu.

L’association possède un vaste carnet d’adresses d’artistes de toutes disciplines.

Parmi les événements proposés (tous les projets ont été déposés à l’INPI) figurent les Arbres à Musique : promenade ludique et musicale.

Ils sont réalisés par une équipe fixe de plasticiens et musiciens à laquelle peuvent se joindre artistes locaux, habitants, écoles, associations, ...

On distingue trois sortes d’arbres à musique :

- les arbres-sculptures qui s’animent et jouent de la musique par eux-mêmes,

- ceux que les promeneurs peuvent manipuler

- et les arbres-instruments sur lesquels des musiciens jouent des mini concerts.

La nuit venue, les arbres à musique s’illuminent...


4• S'ouvrir à la création plastique contemporaine

Le patrimoine des jardins se doit d’être inséré dans une démarche artistique et s’ouvrir ainsi à la créativité contemporaine.

Le caractère éphémère des installations dans un jardin a pour but non pas de s’apparenter à un musée de sculptures en plein air, mais de favoriser la vie, l’évolution du jardin à travers une dynamique artistique.

Saint-Loup, La Guyonnière, La Sayette, le Jardin des Chirons et le Jardin des Oiseaux Libres en particulier, grâce à la nature de leurs espaces et à leur genius loci, sont adaptés à l'accueil d'installations plastiques (Land Art) ou mieux encore à devenir le cadre d'interventions végétales ou paysagères ("sculpture-environnement-paysage") réalisées par des artistes et ce, de manière éphémère ou pérenne.

Ainsi, le travail d'artistes comme Andy Goldsworthy, François Bouillon, Sarkis, Paul-Armand Gette, Nils-Udo, Alan Sonfist ..., invitent à découvrir les "tracées secrètes" d'une forêt ou d'un parc, célèbrent la végétation, révèlent un paysage, selon une sorte d'initiation à une contemplation de l'espace naturel.

Certains artistes collaborent pour cela avec des spécialistes : botanistes, géologues, ...

D’autres artistes contemporains (Morellet, Penone,...) créent des oeuvres où l’arbre joue un rôle fondamental dans le processus d’élaboration.

De manière plus traditionnelle, on peut penser aussi à des peintres privilégiant le motif floral, à des sculpteurs spécialistes des figures animalières (Claude et François-Xavier Lalanne, Nini Geslin,…) ou à des photographes spécialisés dans la macro-photographie de plantes (Bruno Suet…)…

Selon l'esprit "réseau", des artistes pourraient être invités chaque année à investir chacun un jardin de leur choix en fonction d'un thème annuel.

Toutefois, l'activité "artistes en résidence" ne pourra pas être entièrement assumée par le réseau des jardins car d'une part, l'accueil des artistes exige un accompagnement professionnel et une qualité d'écoute monopolisant beaucoup de temps ; d'autre part, les budgets impartis à cette activité, même s'ils ne sont pas excessifs, pèseraient trop face aux actions prioritaires d'aménagement et d'entretien des sites, et de communication/promotion.

Si ce principe est retenu, le réseau des jardins se proposera comme lieu d'accueil pour une ou deux expositions annuelles, et en laissera la gestion à des structures de la région Poitou-Charentes s'occupant de diffusion de l'art contemporain et de la création plastique.

Par exemple, une convention pourrait lier le réseau des jardins avec les écoles d'Art de la région (Angoulème, Poitiers, Chatellerault), et/ou avec le FRAC, ainsi qu'avec le Château d'Oiron déjà rompu à la diffusion de l'art contemporain.

Chaque inauguration sera l'objet d'une forte action événementielle, ce qui construira année après année la renommée des jardins de la Gâtine en tant que creuset d'une démarche Art-Environnement.


5• Proposer différents modes de découverte

Le mode de déplacement d'un jardin à un autre peut participer grandement au plaisir de la détente et de la découverte. L'arrivée en voiture ou en car ne constitue pas la meilleure préparation physique et mentale à la visite de lieux intimistes ou écologiques.

C'est pourquoi il faudra étudier l'opportunité de proposer des moyens de locomotion moins ordinaires et moins polluants : marche à pied, vélo, roller, cheval, roulotte,…

Concernant le tourisme équestre, une dizaine de prestataires de services sont présents dans les Deux-Sèvres, à proximité de Bressuire, Parthenay, de Melle et de Niort. Un centre est localisé à Moncoutant.

L'équitation sous toutes ses formes connaît un important développement dans le département, avec quelque 3 000 licenciés (cheval, poney, tourisme équestre). De plus, l'élevage deux-sévrien bénéficie d'une bonne notoriété grâce à la conservation de races régionales telles que le Trait Mulassier et le Baudet du Poitou. Enfin, le réseau départemental de sentiers équestres compte plus de 1 000 km balisés, avec 22 relais et de nombreux gîtes équestres. L'objectif de la filière Equidés en Deux-Sèvres est de donner une nouvelle dimension à l'équitation dans le département, en permettant une mise en commun des moyens et des compétences des différents acteurs et une meilleure coordination avec les collectivités locales. Un plan de développement 2000-2006 a été élaboré dans ce sens.

La Chevalerie du Thouet organise depuis 16 ans des promenades en roulotte à partir de 3 centres dont 2 sont situés en Gâtine. L'association propose 4 produits pour lesquels aucune expérience du cheval n'est nécessaire :

"90 % des gens qui viennent chez nous ne cherchent pas l'aventure mais un retour aux sources. Ils veulent vivre autrement, c'est à dire sans voiture" précise Serge Bodin, directeur.

La clientèle est composée de groupes à 90 %.

Les familles ne représentent que 10 % du total. Elles viennent essentiellement en juillet-août et quelques WE au printemps.

Pour attirer la clientèle individuelle, la Chevalerie du Thouet aura intérêt à mettre en avant l'atout touristique que représente la visite de jardins à thème

Dans le cas où le réseau déciderait de développer des partenariats avec de tels prestataires, les sites concernés devront se doter des équipements d'accueil et de stationnements adéquats.

Signalons également la Maison du Cheval, inaugurée en mai dernier à La Garette. C'est un lieu de départ de visite dans les Marais Mouillés. Un chargé de développement y est chargé de la conception et commercialisation de produits.