III-2- LE tourisme DE JARDINS AU PLAN NATIONAL

Il n'existe pas de données fiables, statistiquement analysables, pour les parcs et jardins comme celles qui sont relatives au public des monuments historiques.

Toutefois, les spécificités de la pratique touristique des jardins en France tendent à être mieux connues grâce à un certain nombre d'études, lesquelles néanmoins commencent à dater un peu. Il s’agit

• de l'étude de l'ARPEJ : Le Tourisme de Jardins, son développement en France et dans quelques pays d'Europe, décembre 1993, réalisée à la demande de l'Agence Française de l'Ingénierie Touristique et de la Fédération Nationale des Comités Départementaux du Tourisme. (cette étude est en cours d'actualisation)

• d’un rapport de la Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites, Accueil dans les jardins historiques, décembre 1994, qui fait état des travaux d'un groupe de réflexion constitué de responsables institutionnels et d'experts.

Nous en dégageons ci-après des données de base sur

- le profil type du touriste de jardin

- l’offre actuelle

- la fréquentation actuelle.

L'enquête de l'ARPEJ nous apprend que :

• Les visiteurs de jardins sont pour 42 % un homme, et pour 58 % une femme.

• 65 % résident en ville, 35 % à la campagne.

• La répartition entre les différentes tranches d'âge est assez équilibrée, mais le public est plutôt jeune : plus des deux tiers a moins de 45 ans. Les personnes âgées (13 % de plus de 60 ans) sont moins nombreuses que les moins de 25 ans (18 %).

• Les CSP dites élevées représentent 30,6 % de l'ensemble, soit près d'un visiteur sur 3. Les classes moyennes, avec 34,3 %, sont majoritaires. Le groupe des retraités, agriculteurs, militaires, sans profession et autres, totalisent 23,1 % du total. Les étudiants et lycéens, 12 % ce qui n'est pas négligeable.

• Le public se répartit en trois catégories : les spécialistes (horticulteurs, jardiniers, paysagistes, botanistes), le public culturel (amateur d'art et d'histoire) et le "grand public" à la recherche d'un espace de loisirs mais aussi d'un espace de plaisir ; il est sensible à la beauté du site et du paysage. Cette dernière catégorie est majoritaire.

• La visite se fait volontiers en famille (44 %), ou en couple (26 %) entre amis (22 %), mais rarement en solitaire (4 %).

• 79 % visitent le site pour la première fois, alors que seulement 1 visiteur sur 5 (21 %) connaît déjà le site.

• 28 % visitent des parcs et jardins souvent ; 62 % de temps en temps ; 8 % rarement ; 2 % pour la première fois.

• Les visiteurs français viennent pour 32 % de Paris et sa région, 30 % d'un autre département (chiffre recueilli en saison) et pour 29 % de la région ou du département même. Les visiteurs étrangers représentent 20 à 30 % de la fréquentation : on retrouve principalement les Anglais, les Hollandais et Belges, et depuis quelques années un pourcentage grandissant de visiteurs italiens.

• 39 % sont venus sur les conseils d'amis ou de leur entourage ; 35 % grâce à des brochures ou une affiche touristique ; 14 % en lisant un article de presse ; 9 % par hasard ; 2 % sur les conseils d'une association (qui jouent donc un rôle modéré dans l'incitation à la visite des sites) ; 1 % suite à une émission de radio ou de télévision (il faut dire qu'elles sont peu nombreuses sur le sujet en France...).

• 61 % possèdent un jardin dont 72 % de moins de 1000 m2 (de jardiniers amateurs, on devient amateur de jardins...).

• 69 % possèdent des livres sur les plantes ; 28 % possèdent des livres sur l'histoire des jardins ; 41 % possèdent un guide des jardins.

• Seul un quart (24 %) lit régulièrement une revue de jardin ou de jardinage

• Seuls 10 % sont membres d'une association d'amateurs de jardins, de protection du patrimoine ou de l'environnement.

Le rapport du groupe de travail de la CNMHS nous apprend ou confirme en outre que :

• Tous les types de publics, dans les différentes tranches d'âge et les diverses catégories sociaux-professionnelles, fréquentent les jardins. Ils sont particulièrement assidus en haute-saison.

• Ce sont en majorité des habitués qui fréquentent régulièrement un jardin et la plupart d'entre eux habitent à proximité. Ils sont sensibles au changement lié aux saisons et viennent voir comment a évolué le jardin.

• Pour 42 % visiter un jardin est une démarche culturelle, une façon de découvrir l'histoire et la culture d'une région ; 37 % vivent cette activité comme un moment de détente en plein air ; 21 % trouve que c'est un moyen pour mieux connaître les végétaux ; 10 % cherchent des idées pour leur propre jardin.

• La première motivation des visiteurs est l'intérêt culturel, c'est-à-dire historique ou botanique (66 %), puis le désir de se détendre et de prendre l'air (37 %), puis "sortir les enfants" (13 %), enfin "d'autres raisons" (7 %).

• Les centres d'intérêt couvrent un spectre très large du fait de la multiplicité des thèmes de connaissance et des activités pratiquées dans les jardins.

• Une majorité de visiteurs s'intéresse davantage aux aspects horticoles qu'au caractère historique d'un jardin. Le côté nature l'emporte du fait d'une ignorance courante de l'histoire de l'art. Tous les témoignages concordent sur le fait que l'engouement croissant du public pour les jardins se traduit d'abord par un intérêt pour l'horticulture et la botanique.

• Les visiteurs voient dans les jardins des lieux de promenade, de rencontre, d'agrément, de pratique sportive ou culturelle, des espaces ludiques propices à la détente.

Ce que les visiteurs apprécient le plus c'est l'intérêt historique (55 %), puis la flore (48 %), puis la beauté du site (46 %) et enfin la marche et la détente (32 %).

A 52 %, les visiteurs préfèrent se déplacer au gré de leur humeur et 48 % préfèrent les itinéraires balisés et conseillés.

• 24 % sont venus pour visiter les jardins, 7 % le château et 69 % l'ensemble (La visite édifice + jardins apparaît comme complémentaire dans le cas des sites "mixtes").

A 44 % les visiteurs essaient de voir l'intégralité du parc et 56 % se limitent aux parties les plus connues et/ou les plus proches du château.

Enfin, 40 % des visiteurs consacrent une heure à la visite, 46 % lui consacrent entre une heure ou deux et 14 % restent plus de deux heures.

L'attente du public, en matière d'information, est très forte (87 % souhaitent avoir des informations sur le lieu, l'histoire, la composition, les végétaux,...).

Il souhaite trouver les réponses aux questions qu'il se pose au cours de sa visite (historique du jardin, nature de la flore), même s'il préfère déambuler d'une manière indépendante, d'où l'importance de la signalétique et/ou d'un espace d'information dans le domaine. A 64 % le public est favorable à l'idée des visites assistées (documentation, fléchage) même si seulement 33 % des visiteurs disent souhaiter une visite guidée.

Il est également sensible à l'accueil (bâtiment spécifique, bonne information à l'entrée du domaine, présence humaine, possibilité de restauration citée par 47 % des visiteurs), la possibilité d'acheter des brochures, des souvenirs et surtout des espèces végétales (entre 35 et 50 % des réponses selon les sites), la possibilité de visiter une exposition en relation avec le site (25 %) et de visionner une vidéo (20 %).

Une grande majorité des visiteurs s'attend à payer un droit d'entrée dont le maximum se situe dans la tranche des 25/30 francs mais par contre peu de visiteurs sont prêts à payer une documentation ou un supplément pour une visite guidée.

Des informations partielles recueillies auprès des différentes associations fédérant les parcs historiques au niveau régional ou national (Association des Parcs et Jardins de Bretagne, Association des Parcs et Jardins de Picardie, Association PAJLOR, Parcs et Jardins de Haute-Normandie, Route Historique des Parcs et Jardins de Basse-Normandie, Association des Parcs botaniques de France) ne permettent pas d'analyser d'une manière globale l'évolution de la fréquentation car il semble que les adhérents des différentes associations ne tiennent pas tous de statistiques fiables ou ne souhaitent pas les communiquer.

En l'absence d'enquête générale récente au niveau national dans ce domaine, il est difficile d'actualiser et d'affiner la question des statistiques de fréquentation.

Il semble toutefois que l'on note une certaine stagnation dans la fréquentation. En particulier, la réponse "restauration d'un parc historique" n'est pas la panacée pour dynamiser le tourisme culturel. Il faut donc être prudent dans l'investissement.

Quelques chiffres et pourcentages …

Une enquête effectuée par l'Institut Louis Harris pour le compte de la CNMHS et publiée dans Le Monde du 16 septembre 1993, révélait que 50 % des Français interrogés affirmaient visiter souvent (soit 4 à 5 fois par an) les parcs et jardins, contre 41 %, les sites naturels remarquables, 30 % les monuments historiques, 24 % les musées, 19 % les monuments contemporains.

Depuis, les chiffres du Ministère de la Culture et de la Communication, pour 1997, indiquent que sur 100 personnes ayant visité un monument historique au cours des douze derniers mois, 13 ont visité un parc ou un jardin historique. 8 438 386 entrées dont 7 191 941 entrées payantes, ont été enregistrées cette année-là; soit 1 096 990 visiteurs pour les parcs et jardins.

• Un jardin sur deux (52 %) s'est ouvert au public en France depuis 1970 et 20 % sont devenus visitables entre 1988 et 1993.

Les efforts conjugués des propriétaires privés, de l'Etat et de ses services décentralisés, des collectivités territoriales ont permis depuis une quinzaine d'années la restauration, la protection et l'ouverture au public d'un patrimoine jusque là méconnu.

L'offre de jardins s'est ainsi considérablement élargie et diversifiée depuis 25/30 ans.

• L'estimation globale réalisée par l'ARPEJ et qui situe entre 15 et 20 millions le nombre de visiteurs de jardins en France masque en fait la réalité d'un nombre très élevé de jardins qui reçoivent individuellement très peu de visiteurs. Les propriétaires privés rencontrent des difficultés économiques car 95 % des jardins privés ont une fréquentation annuelle inférieure à 3 000 visiteurs. On est donc loin dans la majorité des cas des problèmes de surfréquentation.

• Les grands sites en termes de fréquentation, soit les 15 à 20 grands parcs qui accueillent plus de 100 000 visiteurs par an sont situés sur de grands circuits touristiques . La position d'un site au sein d'une agglomération ou d'un bassin touristique a une incidence déterminante sur sa fréquentation ainsi que sur l'image du lieu .

• L'expansion du tourisme confère aux parcs et jardins un poids économique certain. Cette perspective économique s'assortit évidemment d'une exigence de professionnalisation permettant une véritable offre touristique.

• Une manifestation comme le Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire, créé en 1992, remporte tous les ans un succès certain et dépasse les 100 000 visiteurs. Le parc oriental de Maulévrier (Maine-et-Loire), pourtant isolé dans le pays des Mauges, atteint les 50 000 visiteurs 5 ans après sa restauration. Les différentes journées des plantes organisées par des propriétaires privés de monuments historiques (Courson, Saint-Jean-de-Beauregard, Versigny), en particulier dans la région parisienne, attirent elles-aussi un nombre important de visiteurs qui représente parfois la moitié du nombre annuel de visiteurs.

Les visiteurs sont, dans leur majorité (59 %) favorables à l'organisation de manifestations ou de festivités dans les jardins : il faut créer l'événement (fête des plantes, spectacles ...).

• Les campagnes "Visitez un jardin" ont permis de constater que c'était dans les jardins de l'Etat que l'accueil était le moins satisfaisant.

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A travers la diversité de ses créations, l'art des jardins intéresse autant amateurs, artistes, scientifiques que simples amoureux de la nature. Tous partent à la recherche inconsciente du paradis mythique et perdu : l'Eden.

Le tourisme de jardin est amené à prendre le relais d'activités touristiques déclinantes et vient renforcer l'attrait de pays voués au tourisme rural et au tourisme vert.

Toutefois, seuls se démarquent les parcs et jardins qui répondent à un ou plusieurs des critères suivants :

- Offrant la découverte d'un site remarquable ;

Le réseau des jardins de la Gâtine devra répondre au moins aux trois derniers critères (appartenance à un réseau, gestion dynamique, politique événementielle).

En conclusion, si l'expansion du tourisme confère aux parcs et jardins un certain poids économique, cette perspective économique s'assortit évidemment d'une exigence de professionnalisation permettant une véritable offre touristique.

Les sites dont l'exploitation sera satisfaisante seront ceux qui auront une capacité à contenter un large public

Il faut compter sur la structuration de l’offre, la promotion et la programmation événementielle du réseau des jardins à thème en Gâtine pour assurer un niveau de fréquentation minimum.