* Etat des lieux et perspectives de la population régionale :
Au recensement de 1990, la population régionale était de 1 595 000 habitants (1 618 000 en 1993 selon l'INSEE), soit un peu moins de 3 % de l'ensemble national. Entre 1962 et 1990, la population régionale s'était accrue de 141 000 personnes seulement, soit un peu plus de 5 000 par an. Cette faible croissance représentait, par rapport à la France entière, un tassement d'environ 10 % du poids relatif de la Région par rapport à celui du début des années soixante. On avait de plus constaté une baisse accélérée des naissances, couplée avec un solde migratoire faiblement positif. Les " jeunes " (0-19 ans) étaient passés de 33 à 25 % de 1962 à 1990 et les " personnes âgées " (plus de 60 ans) de 19 à 24 % entre les mêmes dates. En zone rurale de très faible densité, le " vide " gagne sur le " plein " : les jeunes partent, et sont parfois remplacés par des retraités qui reviennent " au pays ". Dans certains cantons ruraux, la population des personnes de plus de 60 ans atteint 40 % ; heureusement, dans de nombreux " pays " on assiste à une véritable renaissance rurale. En zone urbaine centrale, la population stagne ou parfois diminue alors qu'elle explose dans le péri-urbain. Faible attractivité, vieillissement et menaces de désertification du " rural profond " constituent donc l'essentiel de l'enjeu démographique régional. Les perspectives à moyen terme sont donc pessimistes, même si certains pays, les villes et les zones littorales restent fortement attractives. En effet, toutes les prévisions démographiques vont dans le même sens : d'ici 20 ans, les évolutions en cours, décrites ci-dessus, vont perdurer si ce n'est s'accentuer. Mais un point de retournement est possible, si ce n'est probable, dans les années 2020-2030. La spirale du dépeuplement en milieu rural profond risque de perdurer. Par contre, les zones péri-urbaines des principales agglomérations vont continuer leur progression, formant autour de celles-ci un " archipel " mi-rural (par le paysage et la faible densité) mi-urbain (par le mode de vie et les équipements), ce que les chercheurs ont appelé la " rurbanisation ". Malgré tout, au total Poitou-Charentes est l'une des rares régions françaises à réussir à maintenir un équilibre ville-campagne. Cependant, ces possibles évolutions portent en germe trois phénomènes nouveaux : l'installation " à la campagne " des " exclus " de la ville ou, au contraire, la venue " en ville " des " exclus " des zones rurales, le maintien si ce n'est la progression d'un bon niveau de services en périphérie urbaine, même lointaine, et la présence de retraités de plus en plus jeunes et actifs (avec les activités, équipements animation et développement correspondants). |
* Etat des lieux général de la population de Gâtine :
Le Pays de Gâtine regroupe aujourd'hui 64 200 habitants (chiffres de 1990), répartis sur 80 communes, représentant 18,5 % de la population départementale et 4,0 % de la population régionale (pour 25 % du nombre de communes du département). Près de 50 % des communes ont moins de 500 habitants. La plus petite commune de ce territoire dénombrait, au dernier recensement de 1990, 77 habitants tandis que la plus importante - le chef-lieu d'arrondissement - en comptait 10 800. La superficie de ce territoire est de 1585 km², représentant un peu plus de 6 % de la région Poitou-Charentes, pour une densité de 40 habitants par km², contre 62 sur la moyenne régionale. Depuis 1975, ce secteur géographique du département a évolué défavorablement en affichant un taux de variation annuel négatif croissant, - 3,5 %, contre + 4,5 % sur le plan régional. Cette baisse constante de population est due à l'effet conjugué du ralentissement du mouvement naturel (et plus précisément celui des naissances : solde naturel de - 42 entre 1982 et 1990) et une augmentation lente et régulière des départs de population ainsi que l'indique l'évolution du solde migratoire entre 1982 et 1990 de - 2280. Cet affaiblissement démographique s'accompagne d'un vieillissement général de la population. L'indice de jeunesse de 1,30 en 1982 est passé sous le seuil du 1 en 1990 (0,97). La progression des plus de 60 ans est essentiellement due à la forte croissance de la classe d'âge des plus de 75 ans. |
* Evolution de la population globale :
L'étude porte ici sur la période 1968-1999 :
POPULATION ANNEE |
1968 |
1975 |
1982 |
1990 |
Population (sans doubles comptes) | 66 453 |
66 634 |
66 534 |
64 212 |
Taille des ménages | 3.3 |
3.1 |
2.86 |
2.65 |
(source : DDE 79 ; INSEE - RGP - 09-1998)
Entre 1968 et 1982, le nombre dhabitants total de la Gâtine navait quasiment pas évolué (66 453 en 1968 contre 66 634 en 1975 et 66 534 en 1982) alors quen 1990 celui-ci avait connu une perte de 2322 soit une baisse de 3.5 % par rapport à 1982. En ce qui concerne la taille des ménages, elle na cessé de diminuer depuis 1968, passant de 3.3 à 2.65 en 1990. Le tableau ci-dessous atteste également du peu dévolution quavait connu la population de Gâtine entre 1968 et 1982, les taux de variation annuels étant sensiblement les mêmes sur cette période. En revanche, entre 1982 et 1990, on constatait un taux de variation annuel négatif confirmant la baisse de population citée plus haut ainsi quune diminution du nombre de naissances, une stagnation du nombre de décès et un solde migratoire toujours négatif (- 0.44 %). |
* taux de variation annuel entre 1968 et 1990 :
ANNEES |
1968-1975 |
1975-1982 |
1982-1990 |
Taux de variation
annuel (population sans doubles comptes) |
+ 0.04 % |
- 0.02 % |
- 0.44 % |
- dû au
mouvement naturel dont : naissances
- dû au solde migratoire |
+ 0.39 % + 1.59 % - 1.19 % - 0.35 % |
+ 0.17 % + 1.30 % - 1.13 % - 0.20 % |
- 0.01 % + 1.12 % - 1.12 % - 0.44 % |
(source : DDE 79 ; INSEE - RGP - 09-1998)
* évolution de la population par canton :
Nombre
dhabitants CANTONS |
1968 |
1975 |
1982 |
1990 |
AIRVAULT | 5824 |
5747 |
5669 |
5417 |
MAZIERES | 7231 |
6498 |
6408 |
6139 |
MENIGOUTE | 6025 |
5440 |
5030 |
4691 |
MONCOUTANT | 11386 |
11235 |
11181 |
11161 |
PARTHENAY | 17721 |
20837 |
21387 |
20800 |
ST-LOUP-LAMAIRE | 5126 |
4744 |
4604 |
4376 |
SECONDIGNY | 8031 |
7622 |
7718 |
7365 |
THENEZAY | 4929 |
4511 |
4537 |
4263 |
TOTAL | 66273 |
66634 |
66534 |
64212 |
(source : DDE 79 - INSEE - RGP - 09-98)
La constatation générale que lon peut faire est que, en dehors du canton de Moncoutant dont la population sest maintenue quasiment au même niveau et celui de Parthenay dont le nombre dhabitants sest stabilisé autour des 21 000 depuis 1975, tous les cantons ont vu leur population diminué progressivement entre 1968 et 1990. Les cantons les plus touchés par ce phénomène démographique durant ce laps de temps sont ceux de Thénezay (- 13.5 %), Mazières (- 15 %), St-Loup-Lamairé (- 15 %), et surtout celui de Ménigoute (- 22 %), dautres comme ceux de Moncoutant (- 8 %) et dAirvault (- 7 %) ayant été relativement épargnés. |
* répartition de la population globale par tranche d'âge :
ANNEE Tranches dâge |
1982 |
1990 |
0-19 ans | 19178 (28.8 %) |
16080 (25.0 %) |
20-59 ans | 32573 (49.0 %) |
31597 (49.2 %) |
60 ans et plus | 14783 (22.2 %) |
16535 (25.8 %) |
TOTAL | 66534 (100.0 %) |
64212 (100.0 %) |
Indice de jeunesse* | 1.30 |
0.97 |
(source : DDE 79 - INSEE - RGP - 09-98) * rapport (0-19 ans) sur (60 ans et +)
D'après les chiffres enregistrés en 1982 et 1990, on peut noter que durant cette période la tranche d'âge 0-19 ans avait connu une légère baisse (- 3.8 %), celle des 20-59 ans une stabilisation de son effectif et celle des 60 ans et plus une augmentation de 3.6 %, entraînant une baisse de l'indice de jeunesse, passant de 1.30 à 0.97 . |
* évolution de la répartition de la population des cantons par tranche d'âge :
- Airvault :
ANNEE Tranches dâge |
1982 |
1990 |
0-19 ans | 1610 (28.4 %) |
1258 (23.2 %) |
20-59 ans | 2696 (47.6 %) |
2685 (49.6 %) |
60 ans et plus | 1363 (24.0 %) |
1474 (27.2 %) |
TOTAL | 5669 (100.0 %) |
5417 (100.0 %) |
Indice de jeunesse | 1.18 |
0.85 |
|
- Mazières-en-Gâtine :
ANNEE Tranches dâge |
1982 |
1990 |
0-19 ans | 1690 (26.4 %) |
1474 (24.0 %) |
20-59 ans | 3106 (48.5 %) |
2932 (47.8 %) |
60 ans et plus | 1612 (25.2 %) |
1733 (28.2 %) |
TOTAL | 6408 (100.0 %) |
6139 (100.0 %) |
Indice de jeunesse | 1.05 |
0.85 |
|
- Ménigoute :
ANNEE Tranches dâge |
1982 |
1990 |
0-19 ans | 1265 (25.1 %) |
1025 (21.9 %) |
20-59 ans | 2301 (45.7 %) |
2119 (45.2 %) |
60 ans et plus | 1464 (29.1 %) |
1547 (33.0 %) |
TOTAL | 5030 (100.0 %) |
4691 (100.0 %) |
Indice de jeunesse | 0.86 |
0.66 |
|
- Moncoutant :
ANNEE Tranches dâge |
1982 |
1990 |
0-19 ans | 3219 (28.8 %) |
3034 (27.2 %) |
20-59 ans | 5417 (48.4 %) |
5301 (47.5 %) |
60 ans et plus | 2545 (22.8 %) |
2826 (25.3 %) |
TOTAL | 11181 (100.0 %) |
11161 (100.0 %) |
Indice de jeunesse | 1.26 |
1.07 |
Le canton de Moncoutant s'était en quelque sorte distingué en étant le canton qui, entre 1982 et 1990, avait enregistré le pourcentage de baisse de sa tranche d'âge 0-19 ans le plus faible par rapport aux autres du territoire de Gâtine (- 1.6 %). Par contre, il connaissait quasiment le même sort que les autres cantons au niveau des 60 ans et plus avec une hausse de 2.5 % . |
- Parthenay :
ANNEE Tranches dâge |
1982 |
1990 |
0-19 ans | 6808 (31.8 %) |
5404 (26.0 %) |
20-59 ans | 11096 (51.9 %) |
10988 (52.8 %) |
60 ans et plus | 3483 (16.3 %) |
4408 (21.2 %) |
TOTAL | 21387 (100.0 %) |
20800 (100.0 %) |
Indice de jeunesse | 1.95 |
1.23 |
Globalement, entre 1982 et 1990, le canton de Parthenay avait subi les mêmes évolutions démographiques que les autres ; à savoir une diminution du nombre de ses 0-19 ans (- 5.8 %), une stabilisation de l'effectif 20-59 ans et une augmentation de la tranche d'âge des 60 ans et plus (+ 4.9 %), maintenant toutefois un indice de jeunesse relativement plus élevé que les autres cantons (1.23). |
- Saint-Loup-Lamairé :
ANNEE Tranches dâge |
1982 |
1990 |
0-19 ans | 1261 (27.4 %) |
1079 (24.7 %) |
20-59 ans | 2156 (46.8 %) |
2079 (47.5 %) |
60 ans et plus | 1187 (25.8 %) |
1218 (27.8 %) |
TOTAL | 4604 (100.0 %) |
4376 (100.0 %) |
Indice de jeunesse | 1.06 |
0.89 |
|
- Secondigny :
ANNEE Tranches dâge |
1982 |
1990 |
0-19 ans | 2095 (27.1 %) |
1749 (23.7 %) |
20-59 ans | 3684 (47.7 %) |
3500 (47.5 %) |
60 ans et plus | 1939 (25.1 %) |
2116 (28.7 %) |
TOTAL | 7718 (100.0 %) |
7365 (100.0 %) |
Indice de jeunesse | 1.08 |
0.83 |
Le canton de Secondigny avait lui aussi enregistrer, entre1982 1990, une baisse sensible de ses 0-19 ans de l'ordre de - 3.4 % et une hausse de sa tranche 60 ans et plus (+ 3.6 %), entraînant une diminution de son indice de jeunesse, tout ceci ne faisant que témoigner du vieillissement progressif de la population. |
- Thénezay :
ANNEE Tranches dâge |
1982 |
1990 |
0-19 ans | 1230 (27.1 %) |
1057 (24.8 %) |
20-59 ans | 2117 (46.7 %) |
1993 (46.8 %) |
60 ans et plus | 1190 (26.2 %) |
1213 (28.5 %) |
TOTAL | 4537 (100.0 %) |
4263 (100.0 %) |
Indice de jeunesse | 1.03 |
0.87 |
Quasiment le même constat pouvait être établi en ce qui concerne le canton de Thénezay durant la période 1982-1990 par rapport aux autres cantons : les 0-19 ans étaient en diminution de 2.3 %, la tranche principale 20-59 ans se stabilisait et les 60 ans et plus enregistraient une hausse de 2.3 %, l'indice de jeunesse descendu à 0.87 confirmant le vieillissement de la population de ce canton. |
La région Poitou-Charentes a effectué au cours des dix dernières années un très important effort en matière d'investissement éducatif que traduisent les chiffres : 39 000 étudiants en 1995, soit plus de 150 % de 1985 à 1995. Cet effort concerne aussi bien la formation initiale que la formation continue. Toutefois, les cadres restent sous-représentés : 7 % des emplois au lieu de 10 % au plan national. En matière de recherche, des efforts importants ont été également réalisés. C'est ainsi que dans le domaine des sciences de l'ingénieur, le Poitou-Charentes représentait 4.4 % du potentiel national en 1996 (contre 3.9 % en 1991) ce qui place la région au 6ème rang national. De la même manière, en matière de sciences physiques-mathématiques, la région représentait 0.95 % du potentiel national en 1996 contre 0.7 % en 1991 ce qui place la région au 11ème rang national. Le vieillissement de la population et le déclin structurel de la natalité va entraîner une décrue des classes En 1990, en
Poitou-Charentes, on dénombrait 122 000 " jeunes " de 15-19 ans ; en 2000, ils ne seront probablement plus que 101
000 et , en 2010, seulement 90 000. La " matière grise " devenant de plus en plus nécessaire au développement d'une économie moderne, Poitou-Charentes pourrait porter son effort sur la qualité et la spécificité des formations assurées sur place, et s'efforcer de retenir les jeunes formés en région. De plus, elle pourrait s'appuyer sur son avance en matière d'apprentissage pour favoriser des coopérations entre établissements de formation (lycées, CFA, enseignement supérieur) et pour développer des pépinières de projets et d'innovation technologique. Enfin, elle pourrait faciliter le " retour au pays " des cadres originaires de la région ou formés dans ses établissements. Ce sont des pistes de travail particulièrement prometteuses pour l'avenir. Reste que cet important effort de formation initiale, professionnelle et continue n'empêche pas un fort courant d'émigration des jeunes formés en région. |
* revenus, conditions de vie et insertion :
Le salaire annuel moyen régional (104 900 F) est inférieur à la moyenne nationale (121 300 F), plaçant ainsi Poitou-Charentes au 16ème rang national. Cet handicap structurel est compensé par un taux de chômage conforme à la moyenne nationale et une espérance de vie nettement plus élevée. Autrement dit, on vit bien en Poitou-Charentes et plus longtemps qu'ailleurs, mais en moyenne avec un niveau de vie modeste par rapport aux moyennes nationales. La région présente un taux de chômage élevé des jeunes même si la part des jeunes dans le total des chômeurs est en diminution, ce qui reste préoccupant pour l'avenir. De plus, les structures de l'économie sociale sont particulièrement développées, du fait d'une longue tradition : qualité et importance des milieux associatifs, mutualistes et coopérativistes, ce qui à terme est un gage de réussite pour l'intégration des " exclus " et la dynamique sociale régionale. Enfin, Poitou-Charentes compte peu, proportionnellement à sa population urbaine, de quartiers dits " sensibles ". Chacun s'accorde à penser que l'agglomération et, en zone rurale, le " pays " sont les bons échelons pour faciliter les mécanismes d'insertion et de solidarité au plus près des besoins. C'est déjà largement le cas en Poitou-Charentes, ce qui est un élément positif et prometteur pour l'avenir. Mais le poids grandissant des personnes âgées dans certaines zones rurales risque d'accentuer les réflexes d'isolement et de repli.
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